C'est avec tristesse que j'ai apris qu'après de nombreux mois d'hospitalisation, la maladie a emporté notre ami Antoine BAGDIKIAN.
Je souhaite rendre hommage à un grand AMI qui a toujours été présent pour ses amis et son entourage.
Madame La Représentante de l’Ambassade d’Arménie,
Messieurs Les Maires,
Messieurs les Sénateurs,
Messieurs les Députés,
Très Très Chers Amis, qui depuis des années, est à nos côtés pour combattre ce qui a été pendant 100 ans, la négation du génocide des arméniens. Nous sommes fiers et honorés que la France pour laquelle les arméniens se sont tellement investis, soit la première à avoir fait Loi de la reconnaissance du génocide des arméniens.
Cent ans. Mais en fait, si les arméniens prennent le mois d’avril comme date du génocide des arméniens, les exactions turques ont commencé bien avant avec le Sultan Abdul Hamid, 1878 – 1896, trois cents mille arméniens sont exécutés la première colère du Sultan Rouge. Le Sultan Rouge fut renversé. Un nouveau triumvirat de personnalités qui ont pris le nom de jeunes turcs a promis à l’Europe, malgré les traités de San Stefano, les traités de Berlin, etc…, d’améliorer la situation des chrétiens d’orient.
Un vent d’espoir à souffler sur la Turquie mais l’ultranationalisme, le fanatisme turc ont repris le dessus puisqu’en 1909, de nouveau, ce triumvirat de Talaat, Enver et Djemal ont causé la mort de 30 000 mille personnes à Adana. C’était la deuxième phase. Et maintenant arrive la troisième phase, un dimanche du mois d’avril, le 24, la foudre s’abat sur les arméniens. Six cents hommes politiques, sénateurs, maires, ecclésiastiques, savants, sont déportés d’Istanbul et disparaissent en fumée. Le deuxième acte de ce triumvirat de jeunes turcs, a été d’éloigner tous les hommes de l’armée ottomane qui combattaient en tant que citoyen turc, de les éliminer par petits groupes et quand toute la gente masculine fut éliminée et bien il suffisait de pousser les femmes, les enfants, les vieillards, sur les routes pour un tragique périple qui les amena jusqu’au désert de Syrie en lâchant sur eux les brigands, les voyous qui croupissaient dans les prisons turcs et en leur demandant de se servir sur les arméniens.
Alors en 1920, quelques années après le déclenchement de cette troisième phase du génocide des arméniens, et bien, c’est non seulement 1 million 500 mille arméniens qui ont disparu, comme la très bien souligné Monsieur Le Maire, mais aussi, mais aussi, 400 000 grecs pontiques, massacrés à la même date, 250 000 assyro-chaldéens, chrétiens comme nous, massacrés à la même date, 100 000 syriaques chrétiens, massacrés également à la même date. En fait, c’est deux millions et demi de chrétiens qui ont été totalement liquidés, Mesdames et Messieurs, de l’Empire Ottoman, liquidés. Alors les arméniens se veulent d’être assez généreux pour ouvrir la porte au souvenir de ces autres chrétiens qui ont disparu et dont on essaie maintenant de raviver leur mémoire. Il y avait plus de 30% de chrétiens dans ce qui s’appelait la Turquie de l’époque, il en reste plus que 0,1%. Alors cette Turquie qui frappe les portes de l’Europe et qui profite de l’apathie européenne, hélas, a aussi un cousin, proche, l’Azerbaïdjan, qu’il faut aujourd’hui aussi flétrir. Alors qu’est ce pays de l’Azerbaïdjan ? C’est un nom qui vient d’une province iranienne, qui n’existait pas il y a 100 ans. Cette poche de turc, qui est à l’Est de l’Arménie s’est appelée dans les années 1930 : Azerbaïdjan.
Alors comme leur grand frère turc, qui ont profité comme dit de la première guerre mondiale pour éradiquer les arméniens, alors les azéris ont appris la leçon et comme l’Europe maintenant nous parle de l’Ukraine, des autres conflits armés, et bien comme les yeux se sont détournés, ils attaquent de la même façon que leur cousin turc et d’une façon tout aussi brutale avec des armes à sous-munitions, des bombes, du gaz, 6000 mercenaires syriens, l’aide magistrale de la Turquie qui a envoyé des drones et toute une armada pour supprimer cette poche d’arméniens qui est dans cette région qui s’appelle l’Artsakh ou le Haut-Karabagh. Qu’un certain fou furieux de Staline a décrété, offrir à l’Azerbaïdjan, pour pouvoir bénéficier du pétrole azéri. C’est ce même pétrole, azéri, qui constitue également, pour les arméniens, un drame affreux. Quand l’Europe baisse la tête et accepte de considérer Aliyev, le Président de l’Azerbaïdjan, comme un partenaire fiable pour lui fournir du gaz, c’est une forfaiture immense. Le gaz, c’est du gaz russe vendu à bas pris à l’Azerbaïdjan qui le revend à son prix fort à l’Europe qui pense avoir acheté du gaz azéri.
Voilà de quelle façon, les Grands de ce monde laissent les vieux fermiers se perpétuer des drames. Alors, l’ANACRA, qui est l’Association Nationale des Anciens Combattants et Résistants Arméniens, a été créée, Mesdames et Messieurs, en 1917. C’est un acte immense parce que les arméniens issus du génocide de 1915 arrivent en France, dépouillés de tout, et deux années après, pendant le conflit mondial, le premier conflit mondial, ils vont à la préfecture de Police de Paris pour enregistrer ce qui était à l’époque l’Association des Volontaires Arméniens puisque l’État français leur refusait l’uniforme français. Tant bien que mal, ils se sont engagés en tant résistants parce que les arméniens ont pour la France les yeux de l’amour. La première guerre éclate, nous avons des listes de centaines de noms de ces arméniens qui sont tombés dans les plaines de Verdun, Douaumont. Nous avons plusieurs plaques à l’intérieur de l’ossuaire du Daumont qui atteste de leur sacrifice. Champagne, le chemin des dames, toutes les batailles de la première guerre mondiale, les arméniens ont donné leur tribu. Il n’empêche que la première guerre terminée, ils n’ont pas encore eu, hélas, le soutien pour la reconnaissance du génocide des arméniens. Il a fallu encore se battre. Puis, ils ont combattu, ses arméniens volontaires, sans être citoyen français, dans la légion d’Orient, créée en 1916. Là-aussi, des listes de noms.
Le premier conflit se termine, le deuxième conflit arrive, le droit des arméniens ne sont toujours pas reconnus mais il n’empêche que le cri du cœur et leur amour de la France les a porté à s’engager dans la résistance puisqu’on leur refusait encore la nationalité française et le droit de porter un uniforme. Et c’est dans la résistance que Missak Manouchian, chef des FTP-MOI (ndlr Francs-tireurs et partisans – main-d'œuvre immigrée) a combattu et est mort. ET quand je discutais avec son épouse, Méliné Manouchian, que j’ai bien connu, tu disais « Mais Méliné, vous êtes tous les deux orphelines du génocide des arméniens, vous êtes à peine mariés. La guerre éclate, les arméniens ne sont pas poursuivis par les allemands. C’est un élan terrible. » Elle me dit « nous ne pouvions pas, nous les arméniens, voir s’abattre sur la France, sur l’Europe, et aussi sur les juifs, la main allemande qui a encadré l’armée turque lors du génocide arménien. ». Elle refusait de voir une deuxième fois cette main allemande s’abattre sur la France et son mari est mort. Et elle est restée quarante ans dans l’anonymat sans étirine française, en vain, avant que notre association ne la découvre, ne la fasse reconnaitre par les autorités et le Président Mitterrand l’a honoré de la médaille de Chevalier de la Légion d’Honneur quelques semaines après. Quarante ans après l’exécution de son mari, elle est devenue citoyenne française dont elle était absolument fière. Ça a été le cas de nombreux arméniens.
Je suis fier d’être un descendant de ceux, qui par amour de ce pays, sont allés au bout du sacrifice.
Antoine BAGDIKIAN
Président de l’ANACRA
Communiqué officiel de l'Association Nationale des Anciens Combattants et Résistants Arméniens :
Après de nombreux mois d'hospitalisation, la maladie a emporté notre très cher Président.
C'est donc avec une immense et profonde tristesse que nous vous faisons part du décès d'Antoine BAGDIKIAN, Président de l'ASSOCIATION DES ANCIENS COMBATTANTS ET RESISTANTS ARMENIENS, survenu dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 août, à l'âge de 79 ans.
La cérémonie religieuse sera célébrée le LUNDI 4 SEPTEMBRE 2023 à 14 h 00
en la Cathédrale Saint Jean Baptiste
15, rue Jean Goujon
75008 – PARIS
A l'issue de la cérémonie, l'inhumation aura lieu au Cimetière Saint Louis
8, rue Monseigneur Gibier
78000 – VERSAILLES
Les témoignages de sympathie peuvent être adressés à
son épouse, Madame Anne-Marie BAGDIKIAN
xxx, rue xxxx – xxxxx – LE CHESNAY
ou à l'une de ses filles Sophie BAGDIKIAN
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